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La première semaine de Doug Ford

Nga: Sébastien Pierroz

TorontoOfficiellement, c’est le 29 juin que Doug Ford deviendra le 26e premier ministre de l’Ontario. En attendant, le chef du Parti progressiste-conservateur n’a pas voulu perdre de temps. Objectif pour lui: marquer d’entrée les esprits.

Sur l’épineux dossier de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le premier ministre désigné a même fait plutôt bonne figure, jeudi dernier.

Aux côtés de la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, M. Ford a apporté son soutien au gouvernement fédéral. Le chef du Parti PC n’avait pas hésité la veille à s’asseoir avec des représentants des industries de l’acier et de l’auto.

Au milieu de ces gages de bonne volonté, M. Ford a tout de même officialisé le retrait de l’Ontario du marché du carbone. Un revirement attendu, mais assez fracassant pour ce qui reste l’un des principaux héritages du gouvernement Wynne.

Mis en place l’an passé avec le Québec et la Californie, le marché du carbone permettait aux entreprises dépassant leurs cibles d’émission de carbones de vendre des crédits à d’autres, moins «dépensières» à ce niveau.

Toujours sur le dossier de l’environnement, Doug Ford promet de ne pas se laisser imposer par le gouvernement fédéral la taxe sur le carbone. Fidèle à son aversion pour les impôts, le premier ministre désigné veut ainsi plus d’argent dans les poches des contribuables.

En réalité, il y’a peu de chances que cette première grosse mesure du gouvernement élu soit contestée. La campagne électorale a démontré l’intérêt encore bien trop faible des Ontariens pour les questions environnementales. L’idée que cette taxe comprend bel et bien un aspect redistributif pour enrayer la dépendance du charbon et du pétrole reste assez méconnue.

Dossiers chauds à venir

En revanche, Doug Ford devrait connaître un automne plus animé. Ses autres promesses de campagne comme rouvrir le débat sur le curriculum d’éducation sexuelle, ou encore s’opposer au salaire minimum à 15 $ l’heure, pourraient mettre le feu aux poudres. Son refus d’accorder ce 15 $ l’heure en janvier 2019 a d’ailleurs provoqué une première manifestation devant le ministère du Travail, cette fin de semaine.

Pour mettre ses promesses à exécution, le chef du gouvernement élu possède une large majorité de 76 députés. Atout non négligeable: beaucoup de poids lourds estampillés «red tory» seront présents dans la future administration Ford.

C’est le cas par exemple de Vic Fedeli dont le ministère des Finances lui semble promis. Selon toute vraisemblance, Caroline Mulroney devrait hériter d’un portefeuille assez important. Quant à Christine Elliott, il ne serait pas surprenant de la voir propulser au ministère de la Santé.

 Ministre des Affaires francophones attendu

La désignation du nouveau ministre des Affaires francophones sera elle aussi observée à la loupe. D’autant que M. Ford, adepte des «efficacités» économiques, n’a pas encore confirmé que l’autonomie de ce ministère serait conservée.

Cinq noms peuvent d’ores et déjà être avancés: Gila Martow, Caroline Mulroney, Sam Oosterhoff, Lisa MacLeod, et Amanda Simard. Considérant la prise plus faible que prévu des progressistes-conservateurs le 7 juin dans la région d’Ottawa, Mmes MacLeod (Nepean) et Simard (Glengarry-Prescott-Russell) sont des options intéressantes.

À savoir si les dossiers francophones seront suffisamment mis de l’avant à Queen’s Park, le mystère reste entier. Le successeur de Marie-France Lalonde devra allier des convictions fortes, mais aussi une proximité avec M. Ford.

Source: onfr.tfo.org

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